Tenu de Plonger (extrait, Octobre 2023)

Extrait de la restitution de la performance du poète Guillaume Boppe, du performer sonore Pascal Deleuze et du plasticien Jeremy Damien.
Captation réalisée le 3 octobre 2023, dans l’atelier de Jeremy Damien à Nîmes, en présence du public.
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Guillaume Boppe, écriture et lecture
Pascal Deleuze, performance sonore
Jeremy Damien, création plastique
Réalisation, Nicolas Larouzière

TENU DE PLONGER (extraits)
Guillaume Boppe

Qu’est-ce qu’une tenue de plongée adéquate,
pour les rochers, les vagues scélérates,
les yeux qui passent, les cartes, les greniers,
pour tous les temps précieux.

Qu’est-ce qu’une tenue de plongée adéquate :
des rochers, des vagues scélérates,
des yeux qui passent, des cartes, des greniers,
pour tous un temps précieux.

Qu’est-ce que vouloir
quand la mémoire se plie,
comme il y a beaucoup d’ombres
elle ne sait pas où est le miroir.

Pourtant sous le chemin le fleuve
qui sort de son lit, que nul ne voit,

caché par la terre ce qu’il faut partir s’en va,
où il doit exister un phare.

Avant de goûter l’océan,
le fleuve s’allonge sous la lampe.

Qu’est-ce que ne rien savoir
devant les rochers
– des milliers sans fin -,
de la baie si calme,
pourtant mangée par les ancêtres
et le poison explosif du présent.

Qu’est-ce que ne rien savoir,
goûter au sommeil qui ne vient pas
parce qu’il est là,
en fait sous les yeux
la lumière n’entre plus.

Des rideaux devant le cri
du calme et de demain,
qui n’arrivera donc
que demain.

Qu’est-ce que mes paupières,
se demande cet appartement qui est beaucoup
de meubles et d’espace, nu pourtant,
froid, comme pris dans des glaçons
et en même temps brûlant de poussière.

Le vieux et jeune marchand passe et repasse,
de quel plage tire-t-il
ce qui emplit tout mais est invisible ?

Simplement quand le soir vient
retrouver la bonne chambre,
la bonne parmi toutes les pièces ;
c’est tout ce qu’il demande.

Qu’est-ce que regretter,
c’est un autre monde qui n’a jamais eu cours.

A peine née la rougeur dans les veines,
comme gâchée par des gestes oubliés
avant même d’être vécus

mais les voix du sang fuient, elles sont là mais se cachent,
juste on les entrevoit comme des vies antérieures,
pourtant elles sont de ce monde elles ne sont pas loin

de ce monde qui a toujours été autre,
de ce monde qui n’a jamais eu cours.

In memoriam Yasujirô Ozu

Qu’est-ce que le monde extérieur,
un rideau devant la voie ferrée,
comme la rue qui monte
se traduit dans le regard.

Sous le pont les insectes
repartent et reviennent sans savoir.

Il faut descendre à la gare,
dans les arbres l’œil s’ouvre,
qui distingue sous la forêt
l’étendue permise seule
à ceux qui s’en vont en voyage.

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